Décembre

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CIFPSS de Marseille

Focus sur... l'évaluation des enseignants

La docteure Valérie DORY est chercheuse en éducation médicale à l'Université McGill de Montréal (Canada). Spécialiste des questions d'évaluation, elle a animé à Marseille une conférence portant sur l'épineuse question de l'évaluation des enseignants.


Résumé de la conférence (extrait)

L’évaluation des enseignants du supérieur est apparue en Amérique du Nord il y a près d’un siècle et son utilisation s’y est répandue dans les années 1960–1970, pour devenir aujourd’hui courante dans de nombreux pays [1].

L’outil le plus fréquemment utilisé est le questionnaire aux étudiants, typiquement utilisé en fin de session, mais parfois aussi en deux temps [2]. Il existe d’autres manières de recueillir les perceptions des étudiants telles que le sondage rapide ou les groupes focaux [3]. Au-delà du recueil des perceptions des étudiants, certains préconisent l’évaluation des enseignants par des pairs ou des pédagogues. Ces évaluations peuvent se baser sur une ou des observations de l’enseignant en situation de cours, mais également comprendre une analyse documentaire et des entretiens avec l’enseignant [4]. Dans le domaine des sciences de la santé, des examens d’enseignement objectifs structurés ont été déployés [5]. De plus, les résultats des étudiants en fin de cours, dans les cours suivants, ou encore dans des examens standardisés peuvent être utilisés comme indicateurs de l’efficacité de l’enseignement dispensé [4]. Enfin, les portfolios sont devenus de plus en plus courants dans le supérieur [2].

Les études visant à valider les questionnaires aux étudiants foisonnent, notamment l’examen de biais potentiels [1]. En réalité, les biais (liés au sexe, à l’appartenance à une minorité visible, à la personnalité de l’enseignant), s’ils existent, ont un impact faible sur les évaluations [1]. Les scores issus des évaluations par les étudiants sont corrélés à d’autres mesures (auto-évaluation, observations) [1]. En revanche, le lien entre ces scores et les apprentissages est un sujet très controversé et les méta-analyses récentes semblent indiquer une absence de lien ou du moins un lien ténu [6]. Par ailleurs, les conceptions des étudiants et des enseignants sur ce qu’est un bon enseignement divergent en partie [1] et le recours habituel aux questionnaires remplis par les étudiants comme unique source de données révèle une conception réductrice de l’enseignement et de l’apprentissage.

Lire la suite sur le site de la revue Pédagogie Médicale


[1] Spooren P, Brockx B, Mortelmans D. On the validity of student evaluation of teaching: The state of the art. Rev Educ Res 2013;83 (4):598-642.
[2] Saroyan A, Amundsen C. Evaluating university teaching: time to take stock. Assess Eval High Educ 2001;26(4):341-53.
[3] Huxham M, Laybourn P, Cairncross S, et al. Collecting student feedback: a comparison of questionnaire and other methods. Assess Eval High Educ 2008;33(6):675-86.
[4] Berk RA, Naumann PL, Appling SE. Beyond student ratings: peer observation of classroom and clinical teaching. Int J Nurs Educ Scholarsh 2004;1:10.
[5] Trowbridge RL, Snydman LK, Skolfield J, Hafler J, Bing-You RG. A systematic review of the use and effectiveness of the objective structured teaching encounter. Med Teach 2011;33(11):893-903.
[6] Uttl B, White CA, Gonzalez DW. Meta-analysis of faculty’s teaching effectiveness: Student evaluation of teaching ratings and student learning are not related. Stud Educ Eval 2017;54:22-42.



Messages-clés identifiés par les étudiants du master de pédagogie
  • Il est souhaitable de favoriser l'évaluation formative des enseignants. L'évaluation certificative est en effet de nature à conduire les enseignants à mettre en oeuvre des stratégies de réussite de l’évaluation, au détriment de l’enseignement lui-même
  • La stratégie évaluative doit être intégrée dans le cadre plus large du développement facultaire, visant notamment à offrir aux enseignants une formation professorale adaptée, une communauté de pratiques, une culture commune de travail et éventuellement un système de récompenses

Retour sur... les EGFRM

Le CFRPS y a animé un atelier sur la formation pédagogique des enseignants



Le CFRPS a été sollicité par la Conférence des doyens (que nous remercions pour sa confiance) dans le cadre des Etats généraux de la formation et de la recherche médicales afin d'animer un atelier portant sur la thématique de la formation pédagogique des enseignants. Une quarantaine de participants étaient présents, avec une représentation marquée des étudiants en médecine et des départements de médecine générale des facultés.

Un sondage rapide a permis de mettre en évidence que toutes les personnes présentes considèrent que former les enseignants en médecine à la pédagogie est "indispensable". Le contenu de l'atelier a donc porté sur les questions du "Pourquoi ?", du "Sur quoi ?" et du "Comment ?"

Pourquoi ?

La principale réponse peut prendre la forme de la question suivante : est-il entendable que des scientifiques de haut niveau, pour qui il serait inconcevable de pratiquer les soins en dehors des standards de l'Evidence Based Medicine (EBM), enseignent sur la base de principes essentiellement empiriques et souvent très éloignés de ceux qui sous-tendent l'Evidence-Based Medical Education (BEME) ? La "preuve" existe pourtant aussi bien en éducation qu'en médecine, même s'il existe une vingtaine d'années de décalage entre le développement de l'EBM et celui de la BEME.

Cees Van der Vleuten [1], chercheur en éducation médicale, résume bien ce paradoxe : "
J'ai remarqué que mes nouveaux collègues cliniciens-chercheurs ont les mêmes valeurs académiques que moi, ce qui me rassure. J'ai toutefois rapidement observé quelque chose d'étrange : leurs attitudes académiques changent lorsque des problèmes liés à la formation sont discutés. Leur appréciation critique et leur rigueur scientifique sont subitement remplacées par les expériences et croyances personnelles, et parfois, par des valeurs traditionnelles et des dogmes".

George [2] souligne les écarts fréquemment observés entre les règles de bonne pratique pédagogique et la réalité de la pratique enseignante en médecine. Il s'agit notamment de former sur la base d'objectifs d’apprentissage flous, de privilégier un apprentissage centré sur la mémorisation plutôt que la résolution de problèmes, et de reléguer les apprenants à un statut passif de récepteur d'informations. Ces approches sont certes le plus souvent suffisantes pour réussir des tâches d'évaluation centrées sur les QCM, mais elles sont inefficaces en termes de développement des compétences professionnelles.


Sur quoi ?

A l'heure actuelle, il n'existe pas de référentiel qui recense les compétences que devrait développer un enseignant en sciences de la santé. Une comparaison entre les programmes de formation décrits dans la littérature scientifique permet toutefois d'identifier que la formation offerte aux enseignants devrait au minimum leur permettre de répondre aux questions suivantes :
  • Comment apprend-on ?
  • Comment construit-on un programme de formation ? (incluant la définition des objectifs d’apprentissage et l’évaluation des enseignements)
  • Comment évalue-t-on les apprenants ?
  • Comment assure-t-on la supervision des étudiants en milieu authentique ?
  • Comment donner de la rétroaction à un étudiant ?
Il est utile de confronter ces compétences définies par les institutions aux attentes des enseignants, que nous avions explorées en 2013 à la faculté de médecine de Strasbourg, dans le cadre d'une enquête menée auprès des personnels hospitalo-universitaires. Le taux de réponse au sondage était de 41 %. Les attentes exprimées par les répondants concernaient essentiellement les cinq thèmes suivants :
  • Communication
  • Enseignement en grand groupe
  • Innovation dans l’enseignement
  • E-learning
  • Supervision des étudiants pour un travail de recherche

Comment ?

Il existe de nombreux obstacles à la formation pédagogique des enseignants [3-5] :
  • Des croyances erronées (qui n'a pas déjà entendu qu'« être expert de son domaine suffit pour enseigner dans ce domaine » ?) qui évoluent lentement
  • Le manque de temps
  • Le manque de reconnaissance et de récompenses
  • Le manque de ressources
  • Les évolutions fréquentes et la complexification croissante des outils et des pratiques de formation
L'étude réalisée à la faculté de médecine de Strasbourg permet d'apporter quelques éléments utiles sur le plan pratique. Une majorité d'enseignants se dit ainsi prête à consacrer une ou plusieurs journées par an à sa formation. Les répondants souhaitent privilégier le format "atelier", et ne sont pas enclins à bénéficier d'un accompagnement pédagogique de proximité, sous la forme d'un tutorat. Ils sont plus disponibles les mardis et les vendredis, essentiellement en début d'après-midi.

Nous concluons en présentant l'offre de formation pédagogique de la faculté de médecine de Strasbourg, qui reflète notre volonté de prendre en compte ces contraintes et souhaits, en proposant des formats variés, nécessitant un investissement que nous pensons adapté aux contraintes de chaque enseignant, et associé à des finalités distinctes.

[1] Van Der Vleuten C. Evidence-based education. Adv Physiol Educ 1995;14(1):S3
[2] George C. Doctors as teachers. Board of Medical Education, British Medical Association, 2006 (report)
[3] Gibson DR, Campbell RM. Promoting effective teaching and learning: hospital consultants identify their needs. Med Educ 2000;34:126-30
[4] Macdonald J. A survey of staff attitudes to increasing medical undergraduate education in a district general hospital. Med Educ 2005;39:688-95.
[5] Chamberland M, Hivon R. Les compétences de l'enseignant clinicien et le modèle de rôle en formation clinique. Ped Med 2005;6(2):98-111

Retour sur... la journée pédagogique du 27 novembre

La place du patient dans le soin et dans la formation

Les moments et les modalités de l’inclusion du patient dans le soin et dans la formation, de ses représentations de la santé à sa prise en charge de la maladie, dans le contexte des mutations du rapport à la santé autant que des transformations de l’offre de soins et de formation : quelles nouvelles conceptions ? Quelles nouvelles pratiques pour une plus grande efficacité et équité ?

Voici les questions auxquelles ont répondu les différents intervenants de la journée pédagogique organisée par le CFRPS le 27 novembre dernier, qui a réuni une centaine de participants. Parmi les intervenants que nous avons eu le plaisir d'accueillir, le professeur Remi GAGNAYRE (directeur du laboratoire "Education et pratiques de santé" - LEPS, Paris), le professeur Emmanuel TRIBY (vice-doyen de la faculté des sciences de l'éducation de Strasbourg), plusieurs chercheurs du LEPS et du CFRPS, l'équipe strasbourgeoise de l'Unité transversale d'éducation pour le patient, ainsi que des étudiants de la faculté de médecine de Strasbourg et de l'IFSI de Colmar.

Les diaporamas des différentes présentations, ainsi que les photos de la journée sont accessibles ici

La pause pédagogique
du 12 décembre 2017

L'article
Introducing medical educators to qualitative study design:
Twelve tips from inception to completion


Ramani et al.

Un article publié dans la revue
Medical Teacher (2015)

Rendez-vous

Mardi 12 décembre

12 h 30
à 13 h 30


en salle du conseil de la faculté de médecine
(rez-de-chaussée)

Les animateurs



Amaury MENGIN et Sylvie LAUJOL

sont respectivement psychiatre à Strasbourg et chiropracteur à Toulouse

Pratiquer la recherche qualitative avec rigueur et efficience


Au cours des dernières années, les méthodes de recherche qualitative ont connu dans le domaine des sciences de la santé un essor important. Elles visent à comprendre en profondeur les expériences vécues par des sujets et le sens qu’ils leur donnent. Elles permettent également d'explorer les aspects psychosociaux des interactions entre individus, ainsi que les facteurs qui influencent ces interactions et le point de vue des acteurs. Elles occupent ainsi une place de choix dans le domaine de la recherche en éducation médicale, et plus généralement, dans le champ des sciences de la santé.

Comme toute démarche de recueil et d'analyse des données, elles nécessitent la mise en oeuvre de principes permettant d'assurer la rigueur et l'efficience du processus. Ces principes sont pour certains insuffisamment connus et maîtrisés par les personnes qui entreprennent une recherche qualitative. Sur la base de l'article de Ramani et al., nous les résumerons en 12 points clés, que nous présenterons de manière interactive.

N'hésitez pas à venir à cette pause pédagogique avec une thématique ou un projet de recherche à l’esprit !
Archives et
prochaines pauses
Retrouvez les thèmes des précédentes pauses pédagogiques ainsi que les publications associées (copie du diaporama, synthèse des points clés et article) ici

12 janvier 2018 | 6 février 2018 | 19 mars 2018 | 5 avril 2018 | 15 mai 2018 | 12 juin 2018

Lu pour vous


Tous les mois, Chloé DELACOUR et Mathieu LORENZO, enseignants-chercheurs au CFRPS sélectionnent un article récemment publié dans le domaine de l'éducation des sciences de la santé et vous en offrent un résumé.

(Presque) oublier de soigner : une source inattendue de perte d'empathie en stage d'externat

(Almost) forgetting to care: an unanticipated source of
empathy loss in clerkship

Holmes et al. (2017), Médical Education. Article téléchargeable ici

par Mathieu LORENZO

La perte d’empathie chez les étudiants au cours des études médicales est un fait bien documenté. Il s'agit d'ailleurs d'une source majeure de préoccupation chez les responsables institutionnels. Alors que les recherches actuelles ne permettent pas de comprendre les causes de ce phénomène, une équipe canadienne a réalisé une étude qualitative consistant à interroger les étudiants à propos du curriculum caché.

Il en ressort que la transformation « routinière » de la prise en charge des patients, liée au passage d’un statut d’individu en souffrance à celui d'objet de travail du médecin, est un facteur explicatif important à la perte d'empathie. Cette évolution est concomitante au développement des compétences procédurales des futurs médecins, qui s'accompagne d'une préoccupation technique qui prend le pas sur le fait de "soigner". Un travail d’accompagnement des étudiants pour les inciter à réfléchir sur leur pratique et leur rôle de soignant pourrait être une piste permettant de lutter contre cette perte d’empathie.

Babillard

Annonce de congrès

La SIFEM organise ses ateliers d'automne à Brest, du 12 au 14 septembre 2018. Plus d'informations dans la prochaine lettre !

Formation

Les dates du master de pédagogie en sciences de la santé 2018/2019 sont en ligne

Publication

Olivia GROSS, chercheuse au Laboratoire éducations et pratiques de santé (Paris 13) publie un ouvrage intitulé "L’engagement des patients au service du système de santé", chez Doin. Plus d'informations ici


Offre d'emploi

Le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) recrute pour le pôle URSEC (Urgences-Réanimation-SAMU-EVASAN-caisson hyperbare) un médecin urgentiste sur un poste de praticien hospitalier temps plein. Ce poste comprend 25 % ETP en tant que responsable médical du CESU 976 et 75 % ETP de temps clinique (urgences adultes et pédiatriques, SAMU, évacuations sanitaires). Plus d'information auprès de responsable actuel du CESU

Prix de la meilleure thèse en recherche qualitative


Symbole d'excellence en recherche qualitative, le prix Van der Maren récompense la qualité de la recherche réalisée par des diplômés de troisième cycle et vise à encourager l'émergence de jeunes chercheurs. Plus d'informations ici

Inauguration
L’inauguration de l’Hôpital virtuel de Lorraine aura lieu le mardi 23 janvier 2018 de 11h à 13h, au Campus Santé (9 avenue de la Forêt de Haye – Vandœuvre-lès-Nancy)

À lire dans la presse

  • Près des deux tiers des médecins ressentent un épuisement à la fois physique et moral. L'article, publié dans Le Quotidien du Médecin, est accessible ici.
  • Des chercheurs publient volontairement dans des revues prédatrices, et celles-ci progressent... L'article, publié sur le blog d'Hervé MAISONNEUVE, est accessible ici
  • Internat : les spécialités que les femmes préfèrent, celles que les hommes fuient. L'article, publié dans Le Quotidien du Médecin, est accessible ici.
  • Pour réussir la Paces : un bac S, oui, mais avec mention. L'article, publié dans Le Monde, est accessible ici
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