DU Superviser en milieu clinique | Formations par concordance | Portrait de Yoann Noire | R1C | Interprofessionnalité et leadership | BabillardLettre mensuelle d'information du Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé
PUBLICATION DU CFRPS Raisonnement clinique et théorie du double processus
PORTRAIT Yoann NOIRE, maître d’enseignement en haute école de santé
LU POUR VOUS Réforme de la première année d’études de santé
PAUSE PÉDAGOGIQUE Influence de l’interprofessionnalité sur l’apprentissage du leadership
BABILLARD
> FORMATION (1)
Un nouveau parcours pour le DIU PSS
Une formation en pédagogie est désormais exigée par la plupart des sous-sections du CNU. Elle prend le plus souvent la forme d’un diplôme universitaire de pédagogie médicale. À Strasbourg, le DIU de pédagogie en sciences de la santé est structuré depuis plusieurs années en deux parcours : «?enseignant ou formateur en milieu académique?» et «?formateur en simulation?». Un troisième sera proposé à partir de la prochaine rentrée universitaire, à destination des formateurs qui assurent essentiellement des missions de supervision en stage. Il sera coordonné par Sandra JUNG, qui en fait la description dans les prochains paragraphes.
Le nouveau parcours «?superviseur en milieu clinique?», au sein du DIU de pédagogie en sciences de la santé, offre un programme de formation qui combine des connaissances théoriques et des outils pratiques pour une approche réaliste et opérationnelle de la supervision en stage.
Les objectifs sont d’identifier le rôle et les fonctions du superviseur, d’initier une dynamique favorable à l’apprentissage en milieu clinique, d’acquérir les notions essentielles de l’analyse de pratiques professionnelles, et d'évaluer les compétences des stagiaires. Les superviseurs seront également formés pour accompagner les étudiants en difficulté et évaluer leur propre pratique professionnelle.
Ce parcours vise à améliorer la qualité de la formation en stage et à répondre à ce besoin croissant dans un contexte tendu, qui constitue l'un des principaux défis rencontrés par les superviseurs.
> Pour en savoir plus sur la formation, c’est par ici
> FORMATION (2)
Les formations par concordance
Les formations par concordance (FpC) connaissent un succès croissant à travers le monde, en particulier en Amérique du Nord. Elles constituent le versant formatif des tests de concordance de script (TCS), en offrant aux étudiants une rétroaction bien plus développée que le seul score et positionnement par rapport aux panélistes.
Bernard CHARLIN, ancien professeur à l’Université de Montréal, est à l’origine des TCS et des FpC. Il présente les formations par concordance dans une vidéo conçue par l’Université de Strasbourg avec l’aide de Silviya NEMSKA et Kamal KHAN.
Le CFRPS co-signe un article sur le raisonnement clinique dans le JECP
La théorie du double processus («?dual-process theory?» ou «?DPT?») s’est imposée comme un modèle universel de raisonnement chez les professionnels de santé et, plus généralement, chez l’être humain. Il existe de nombreuses représentations erronées sur son fonctionnement, en particulier quant à l'origine des erreurs. Dans cet article, publié dans le Journal of Evaluation in Clinical Practice, nous discutons de ces représentations et proposons une interprétation de la DPT basée sur les publications scientifiques les plus significatives dans les champs de la psychologie et de l'éducation médicale.
Si vous souhaitez tester vos connaissances sur la DPT avant de lire ce post et le contenu de l'article, rendez-vous ici afin de répondre à trois quiz !
Selon la DPT, deux systèmes de traitement de l’information sont impliqués dans le raisonnement clinique :
Le premier (dénommé «?intuitif?» ou «?système 1 ») consiste à traiter un nombre très limité d’informations quasiment instantanément et inconsciemment.
Le second (dénommé «?analytique?» ou «?système 2 ») vise à traiter un nombre élevé d’informations de façon logique, consciente et lente, à partir de l’application de règles formelles.
Des milliers d’articles ont été écrits sur le sujet et le célèbre ouvrage du prix Nobel Daniel Kahneman («?Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée?») a grandement contribué à populariser la théorie du double processus. Celle-ci a principalement été étudiée dans le cadre des tâches diagnostiques, dont il est utile de rappeler qu’elles incombent à tous les soignants, quelles que soient leur profession, leur discipline et leur spécialité. «?Diagnostiquer?», c’est en effet reconnaître - à des niveaux variables de spécificité - ce qui se passe dans une situation donnée. Il s’agit donc d’un préalable à l’action.
Dans l'article publié dans le JECP, nous déconstruisons un certain nombre de représentations :
Les résultats de recherche ne permettent pas de conclure au fait que le système 1 est davantage impliqué dans la survenue d'erreurs diagnostiques que le système 2, malgré le caractère naturellement logique de l'affirmation.
Les travaux de recherche réalisés en santé montrent que le fait de donner plus de temps (et donc, de prolonger la réflexion, à travers la sollicitation du système 2) n'améliore pas la performance diagnostique et peut même l'altérer.
Il n'existe pas de résultats significatifs d'études méthodologiquement valides qui montrent que les stratégies de débiaising fonctionnent pour améliorer la performance diagnostique.
On regarde ainsi l'erreur sous un angle erroné, en incriminant les processus cognitifs (l'intuition, principalement) de traitement de l'information. La mobilisation de ces processus n'est pourtant rien d'autre qu'un épiphénomène qui traduit la façon dont les connaissances sont organisées dans la mémoire à long terme de la personne qui raisonne. La connaissance (la qualité de son organisation - plus exactement - et non la quantité) est la clé de l'expertise diagnostique. Elle devient donc le principal enjeu de la formation des futurs professionnels de santé.
Yoann NOIRE, maître d’enseignement en haute école de santé
Isabelle SEBRI, chargée de mission au CFRPS, a pris des nouvelles de Yoann NOIRE, étudiant de la promotion 2022/2023 du master de pédagogie en sciences de la santé. Infirmier urgentiste de formation, il est aujourd’hui maître d’enseignement à la haute école de santé de Fribourg (Suisse) et collaborateur scientifique à l’Université de Fribourg.
Peux-tu nous décrire ton parcours depuis le master de pédagogie en sciences de la santé?? Ma vie professionnelle a bien évolué depuis l’obtention du master PSS. J’ai quitté le milieu clinique, car j’ai obtenu un poste à 70 % de maître d’enseignement dans une haute école de santé (HES). Je complète ce temps partiel par un 20 % en qualité d’infirmier de recherche clinique. Ce 20 % me permet de rester dans le «?giron?» des urgences, puisque je suis engagé pour participer à des recherches en lien avec ce service et plus précisément le triage, qui était mon travail de master.
Ce master m’a énormément apporté et la liste que je vais maintenant dresser ne sera certainement pas exhaustive?! Ce master m’a donné une belle boîte à outils pédagogiques. Que ce soit pour animer des cours magistraux ou pour des séances d’apprentissage d’un geste en petit groupe, je ne me sens pas «?perdu?». Je sais quelle technique pédagogique je vais utiliser en fonction des objectifs d’apprentissage fixés. Ce master m’a également permis d’(enfin) aimer la recherche et particulièrement la recherche qualitative. Le travail de recherche de master, que j’ai récemment soumis pour publication, a été un argument de poids pour obtenir mes deux nouveaux postes.
Enfin, j’ai acquis durant ces deux années de master une véritable méthodologie générale de travail. J’ai pris conscience de l’importance de travailler régulièrement, d’échanger avec mes pairs et de demander des retours sur mes actions.
Où te vois-tu dans 10 ans?? Quels sont tes projets?? Dans 10 ans, j’espère toujours être dans l’enseignement et si possible avoir évolué?! Je souhaiterais aussi continuer à faire de la recherche infirmière et impliquer des collègues dans ce domaine. La recherche infirmière aux urgences est encore balbutiante, alors qu’elle est déjà bien développée chez les médecins.
Si tu étais un domaine d’enseignement (dans le master)?? L’approche par compétence (selon maître Tardif).
Ta fiche recette pour développer des compétences en pédagogie?? Je pense que l’idéal est d’appliquer rapidement les enseignements dont on bénéficie lors du master. La pédagogie active, qui est développée dans ce master, est très enrichissante, mais nécessite des «?tâtonnements?» et des ajustements pour pouvoir être mise en pratique sur son lieu d’exercice. Il faut aussi parfois convaincre le corps professoral et surtout les étudiants qui ont été habitués à un mode d’enseignement plus transmissif. Ainsi, on se rend compte de la réelle plus-value de la pédagogie active et de l’approche par compétence, mais également des différents freins qui se présentent à nous.
Enfin, il ne faut pas hésiter à demander fréquemment des retours aux étudiants et aux autres professeurs afin de savoir si nos méthodes d’enseignements «?collent?» bien au contexte et à la culture de notre lieu d’exercice.
Ta devise depuis le master Best evidence medical education?!
Un dernier conseil à ceux qui voudraient faire le master à Strasbourg?? Lorsque je conseille ce master à des collègues, je leur précise bien que c’est un master de recherche. Je leur dis que s’ils sont déjà familiers avec la recherche et qu’ils ont une idée de leur thème, alors, qu’ils postulent (si les conditions sont réunies) directement en deuxième année. En revanche si la recherche est un domaine flou pour eux (comme moi, à l’époque?!), alors, qu’ils fassent la première année pour profiter des différents apports dans ce domaine et avoir le temps de problématiser leur sujet.
Dans tous les cas, ce master est de grande qualité, tant par les enseignements proposés que par l’expertise des différents intervenants. Ce master est pensé pour les professionnels en activité puisque les cours sont regroupés. Les différentes dates de séminaires sont données dès l’admission en master afin de pouvoir s’organiser tout au long de l’année.
En un mot, n’hésitez pas et postulez?!
> LU POUR VOUS
Tous les mois, les enseignants du CFRPS sélectionnent un article ou un ouvrage récemment publié dans le domaine de l'éducation des sciences de la santé, et vous en offrent une analyse
Réforme de la première année des études médicales et diversification des profils des étudiants en France : un besoin non satisfait??
Reform of the first year of medical studies and diversification of student profiles in France: an unmet need?
KHANNA et al. (2024), BMC Medical Education
par Elodie HERNANDEZ
Le système de formation des étudiants en sciences de la santé est en constante évolution. Depuis 2017, plusieurs réformes de la formation médicale se sont ainsi succédé. Concernant le premier cycle, la PACES, critiquée pour son aspect élitiste, a fait place en 2021 au PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et à la LAS (Licence Accès Santé). L’un des changements majeurs concerne l’impossibilité de redoubler en cas d’échec.
Le but initial de cette réforme était de diversifier les profils des étudiants ainsi que les parcours permettant d’intégrer les études de santé, et de rendre obligatoire une discipline «?mineure?» (psychologie, droit, économie, sociologie, etc.). L’objectif était également de diminuer le nombre d’étudiants qui échouent en fin de première année sans diplôme.
Dans l’article que j’ai choisi ce mois-ci, les auteurs ont évalué l’impact de la réforme sur la typologie des étudiants qui valident la première année à Tours. Ils ont réalisé une étude rétrospective portant sur les données de 2018 à 2023. Les données recueillies étaient l’âge des étudiants, leur genre, leur baccalauréat (année, résultats et spécialité), la région de résidence de leurs parents, et leur niveau socio-économique.
Des différences significatives ont été retrouvées selon les résultats obtenus au bac, l’origine géographique, et la catégorie socioprofessionnelle des parents. Les étudiants admis en 2° année avaient davantage obtenu de mention «?très bien?» ou «?bien?» au bac lorsqu’ils passaient par la PASS. L’origine géographique des étudiants admis en 2° année était plus éloignée de Tours lorsqu’ils venaient de la LAS.Enfin, les parents des étudiants en PASS admis en 2° année étaient plus souvent des cadres et des professions intellectuelles supérieures.
En somme, les étudiants issus de la PASS ont un profil similaire à celui des anciens PACES, alors qu’il semblerait exister quelques différences avec ceux issus de la LAS.
Dans cette étude monocentrique, on observe, lors de l’année de la réforme et l’année suivante, une plus grande diversité géographique des étudiants issus de la filière LAS. Ces chiffres sont à interpréter avec prudence car les universités décident de façon indépendante de leurs capacités d’accueil, et des étudiants issus d’autres régions que la région initiale peuvent décider de postuler dans une université donnée, car il y a davantage de places que dans une autre. Quoi qu’il en soit, la compétitivité en filière LAS s’est nettement majorée entre l’année de la réforme et l’année suivante, avec des étudiants issus de la filière LAS qui avaient beaucoup plus de mentions «?bien?» et «?très bien?» que l’année de la réforme. Les auteurs notent également la possibilité d’autocensure des étudiants eux-mêmes qui, s’ils n’ont pas de famille proche de l’université de rattachement ou s’ils n’ont pas de parents issus de catégories socioprofessionnelles «?supérieures?», pourraient volontairement privilégier la filière LAS plutôt que la filière PASS, perçue comme la «?remplaçante?» de la PACES.
Cependant, l’évaluation (et la sélection) guide les apprentissages… et, de fait, les stratégies des étudiants souhaitant accéder en deuxième année. Ainsi, la filière LAS permet pour le moment une diversification des profils des étudiants. Les auteurs semblent évoquer deux options :
Celle, actuelle, d’une diversification via la filière LAS, bien que l’année postréforme montrait déjà que les étudiants entrant en 2e année avaient des profils de baccalauréat avec mentions élevées plus marqués que l’année de la réforme.
Celle d’une diversification de facto, par les stratégies des étudiants qui, pour entrer en médecine, développeront un bagage plus diversifié ou pour qui l’autocensure sera levée.
L’objectif de cette réforme était basé sur les preuves scientifiques croissantes qui mettent en exergue l’importance d’améliorer les soins à la population en créant un pool de soignants plus représentatif de cette population. Les résultats de l’étude discutée dans cette lettre questionnent l’atteinte de cet objectif.
La lecture de cet article montre l’importance d’évaluer les réformes et leurs effets, qui doivent avoir pour but ultime d’améliorer la prise en soins de la population. À ce stade, il est difficile de percevoir si le changement de stratégie des étudiants permettra une nouvelle diversité, une diversification des lieux d’installation et une amélioration du système de santé français.
> PAUSE PÉDAGOGIQUE
L’article <
Influence de l’interprofessionnalité sur l’apprentissage du leadership dans le cadre de dispositifs de formation paramédicale recourant à la simulation. Étude LEADERSHIP
Publié en 2023 par Molle et al.
dans la revue Pédagogie Médicale
> Rendez-vous
20 juin 2024 de 13 h à 14 h
à l'Unité de simulation en santé (Hôpital civil)
> Les animateurs
Quentin VENESQUE, Khalil GUERALA et Anne-Sophie TREGAROsont respectivement infirmier formateur (Tours), IADE (Soissons) et cadre de santé (Tours)
En cette veille de la fête de la musique, nous vous inviterons à réviser vos gammes, accorder vos instruments et ajuster vos voix. Êtes-vous prêt à suivre votre chef d’orchestre??
Tout comme dans un orchestre, où chaque musicien doit s’accorder avec les autres pour créer une harmonie parfaite, les professionnels de santé doivent collaborer efficacement pour assurer des soins de qualité.
Comment l’interprofessionnalité influence-t-elle l’apprentissage du leadership dans un environnement simulé?? C’est la question que nous allons explorer lors de la prochaine pause pédagogique.
Préparez-vous à diriger et à être dirigé, à écouter et à être entendu, dans une symphonie où chaque note comptera. Ne manquez pas cette occasion de découvrir comment l’interprofessionnalité peut révolutionner l’apprentissage du leadership et, par extension, améliorer la performance globale des équipes de santé.
> Archives et prochaines dates
Retrouvez ici les thèmes des précédentes pauses pédagogiques ainsi que les publications associées (vidéo, copie du diaporama, synthèse des points clés et articles).
Un nouveau cycle de pauses débutera en octobre 2024.
> BABILLARD
Formation
Les inscriptions au CAS de Genève «?Formateur dans le domaine des sciences de la santé?» sont ouvertes pour la prochaine année universitaire. Plus d’informations ici
On en parle dans les médias
Plus de 27?000 signatures contre la réintégration d’un étudiant en médecine condamné pour agressions sexuelles. L’article, publié sur le site de BFMTV,est accessible ici
«?En cours de médecine, on peut poser au patient des questions qu’on ne peut pas poser dans une chambre d’hôpital?».L’article, publié dans Le Monde,est accessible ici
Fraude massive : une épreuve du concours de médecine annulée à la fac de Lille. L’article, publié dans Le Parisien,est accessible ici
Maroc — Étudiants en médecine : les parents des grévistes s’invitent dans la crise.L’article, publié sur le site de Le360,est accessible ici
Études de médecine : le modèle strasbourgeois plébiscité. L’article, publié dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace,est accessible ici
«?Si j’avais su ce que c’était, je n’aurais jamais fait ça?» : la grande désillusion des jeunes ostéopathes.L’article, publié dans Le Figaro,est accessible ici