Forum de pédagogie | Raisonnement des pharmaciens | Motivation des étudiants infirmiers | Doctorat et santé mentale | BabillardLettre mensuelle d'information du Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé
CONGRÈS Forum international de pédagogie des sciences de la santé
PUBLICATION DU CFRPS Raisonnement clinique des pharmaciens lors de la délivrance d’antibiotiques
PUBLICATION Profil motivationnel et besoins des étudiants en sciences infirmières
LU POUR VOUS L’impact des études doctorales sur la santé mentale — une étude longitudinale
PAUSE PÉDAGOGIQUE EC or not EC, that is the question ? Défiez les idées toutes faites?!
BABILLARD
> CONGRÈS
Forum international francophone de pédagogie des sciences de la santé
Le Forum international francophone de pédagogie des sciences de la santé (FIFPSS) fait partie des grandes manifestations scientifiques qui permettent aux formateurs, enseignants, cliniciens et chercheurs intéressés par les questions d’éducation de se rencontrer. La professeure Christina ST-ONGE, présidente du comité scientifique, nous en dit plus sur cette manifestation, qui a lieu tous les deux ans au Québec.
Rendez-vous au FIFPSS 2026 : une tradition d’innovation et de collaboration en pédagogie des sciences de la santé
Né de l’élan visionnaire d’un petit groupe d’éducateurs médicaux québécois à la fin des années soixante-dix, le FIFPSS est aujourd’hui l’un des rendez-vous incontournables pour les pédagogues, chercheurs et cliniciens de la francophonie. De ces premières rencontres informelles est née, en 1999, une organisation structurée qui a su, au fil des ans, rallier toute la communauté francophone autour d’un objectif commun : faire progresser l’enseignement et l’évaluation fondés sur les données probantes dans les professions de la santé.
De Québec à Montréal, en passant par Sherbrooke et Mont?Tremblant, les thèmes successifs du Forum — de l’acquisition des compétences à la pédagogie en évolution — ont toujours reflété les enjeux émergents de la formation en santé. Depuis 2010, son ouverture aux autres professions de la santé témoigne d’un engagement résolu envers la collaboration interdisciplinaire et l’amélioration continue de la pratique éducative.
Le FIFPSS, organisé par un comité interinstitutionnel actif et diversifié, continue de rassembler les forces vives de la francophonie académique. Il s’adresse à tous ceux et celles qui participent, de près ou de loin, à la formation des futurs professionnels de la santé ainsi qu’à la formation continue de ceux déjà en pratique.
En 2026, le Forum promet à nouveau d’être un espace inspirant de partage, d’innovation et de réflexion sur l’avenir de nos pratiques pédagogiques.
Ne manquez pas l’occasion de participer à cette nouvelle édition du FIFPSS, où tradition et renouveau se rencontrent pour façonner la formation en santé de demain?!
Raisonnement clinique des pharmaciens lors de la délivrance d'antibiotiques
Les pharmaciens font partie de ces professions oubliées du champ de la recherche en éducation des sciences de la santé. C'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit de leur raisonnement clinique, dont on ne sait à peu près rien. Grâce au travail réalisé par Céline BOUVIER-SLEKOVEC et son équipe, on en sait dorénavant plus sur le raisonnement mobilisé par les pharmaciens d'officine lors de la délivrance d'antibiotiques.
Résumé(traduit en français)
Contexte : les antibiotiques sont largement surutilisés, plus de 25 % des prescriptions en soins primaires étant considérées comme inutiles ou inappropriées. En France, comme dans de nombreux pays, les pharmaciens d’officine — souvent en collaboration avec les prescripteurs — peuvent modifier des prescriptions inadaptées ou refuser de délivrer des antibiotiques grâce à des interventions pharmaceutiques (IP). Cependant, le rôle des IP et le raisonnement clinique qui sous-tend les décisions des pharmaciens restent peu décrits.
Objectif : identifier les facteurs pris en compte par les pharmaciens d’officine lorsqu’ils réalisent des IP liées à la délivrance d’antibiotiques, et explorer la manière dont ces facteurs influencent leur pratique.
Méthodes : cette étude qualitative repose sur des entretiens en présentiel avec des pharmaciens d’officine français. Les données ont été analysées thématiquement à l’aide d’une approche intégrative par deux chercheurs indépendants.
Résultats : quinze entretiens ont été réalisés. La saturation des données a été atteinte après le dixième. Les IP suivaient plusieurs étapes : identification du besoin d’intervention, proposition d’alternatives thérapeutiques si nécessaire, contact avec le prescripteur, traçabilité, délivrance des antibiotiques et conseil au patient. Le raisonnement clinique des pharmaciens était influencé par des facteurs liés aux patients, aux prescripteurs, à leur environnement professionnel et à des éléments contextuels plus larges. Certains facteurs étaient spécifiques aux antibiotiques, tandis que d’autres étaient plus généraux.
Conclusions : Les IP permettent aux pharmaciens d’officine d'ajuster des prescriptions inadaptées et de réduire les délivrances inutiles en ambulatoire. Une meilleure compréhension des facteurs influençant leur raisonnement clinique — notamment les déterminants liés au patient, au prescripteur et au contexte — pourrait guider des stratégies d’amélioration de l’usage des antibiotiques. Ces éléments devraient être intégrés dans la formation initiale et le développement professionnel continu des pharmaciens.
Profil motivationnel et besoins des étudiants en sciences infirmières
Céline HENNIQUAU, étudiante de la promotion 2021-2022 du master de pédagogie en sciences de la santé, publie son travail de recherche portant sur la motivation et les besoins des étudiants en sciences infirmières dans la Revue francophone internationale de recherche infirmière. Toutes nos félicitations à elle et à sa superviseure, Isabelle SEBRI.
Résumé
Contexte : pourquoi certains étudiants infirmiers interrompent leurs études ? Cette enquête examine leur engagement en formation et leur motivation, présente une analyse de leurs besoins, du contexte de la formation et de l’accompagnement proposé.
Méthode : cette étude, utilisant une méthode quantitative, a été réalisée auprès de trois cohortes en fin de premier semestre.
Résultats : le profil d’étudiant type montre que la plupart d’entre eux intègrent l’Ifsi dès l’obtention du baccalauréat, avec un désir professionnel sincère. Cependant, les dispositifs d’admission facilitent l’accès en formation, limitant une nécessaire étude du projet professionnel et des exigences attendues. Leur projet s’oriente immédiatement vers des études universitaires supplémentaires et semble peu adapté à la réalité du métier. L’étayage du formateur est modifié : un accompagnement dans les méthodes de travail, l’aide à la gestion des ressources internes et externes s’ajoute à cela. Ce partenariat étudiant/formateur va nourrir la motivation et l’autorégulation des apprentissages vers une professionnalisation efficiente.
Tous les mois, les enseignants du CFRPS sélectionnent un article ou un ouvrage récemment publié dans le domaine de l'éducation des sciences de la santé, et vous en offrent une analyse
L’impact des études doctorales sur la santé mentale — une étude longitudinale
The impact of PhD studies on mental health-a longitudinal population study
Bergvall et al. (2025), Journal of Health Economics
par Élodie HERNANDEZ
Le doctorat, passage obligé pour tout futur universitaire, est une voie d’excellence, valorisée et prestigieuse. Mais est-elle pour autant saine?? Ce n’est pas exactement sous cette formule que s’expriment les auteurs suédois de l’étude dont j’ai choisi de vous parler ce mois-ci, qui sont chercheurs en économie, management et sciences sociales, mais leur questionnement porte bien sur la prévalence des troubles en santé mentale chez les doctorants, et sur l’impact du doctorat lui-même sur cette santé mentale.
Les données statistiques exploitées couvrent l’ensemble de la population doctorale suédoise entre 2006 et 2017, toutes filières confondues. Les auteurs ont analysé le taux de recours aux psychotropes et les hospitalisations pour motifs psychiatriques, ainsi que leurs variations au cours du doctorat. Une telle approche peut sous-estimer la réalité des troubles mentaux, nombre d’entre eux ne donnant lieu ni à prescription ni à hospitalisation. Elle contrebalance cependant les résultats probablement surestimés des enquêtes par questionnaires, souvent menées sur des échantillons restreints et volontaires.
Le design méthodologique visait précisément à réduire ces biais, en évitant que les résultats ne reflètent simplement l’inclination de certains doctorants à répondre à des enquêtes ou les spécificités d’un programme doctoral isolé. Les chercheurs ont également comparé leurs résultats à deux groupes contrôle : l’un issu de la population générale, l’autre composé de diplômés de haut niveau n’ayant pas poursuivi en doctorat.
L’analyse permet de conclure que la consommation de psychotropes augmente fortement après le début du doctorat, comparativement aux groupes contrôle. Avant l’entrée en thèse, les futurs doctorants présentent pourtant un niveau de consommation identique à celui des étudiants en fin de master. Le pic de prévalence survient en cinquième et dernière année. Il est toutefois rassurant de constater que cette tendance s’atténue après la soutenance, quels que soient les choix professionnels.
Parce qu’elle porte sur plus de dix ans, cette étude permet d’écarter l’hypothèse selon laquelle les doctorants présenteraient, avant leur inscription, davantage de troubles psychiques que les autres étudiants. En d’autres termes, entreprendre une thèse n’est pas le signe d’une fragilité préexistante, et vous n’êtes pas «?fou?» si vous avez l’intention de vous engager dans un tel projet?!
L’analyse multivariée met en évidence plusieurs facteurs associés à une augmentation de la consommation de psychotropes. Les filières longues, les programmes où le ratio encadrants/doctorants est faible, et les environnements majoritairement masculins constituent des contextes plus à risque. À l’inverse, les doctorants issus des disciplines de santé apparaissent paradoxalement moins concernés, peut-être en raison d’une moindre crainte de stigmatisation ou de traitements antérieurs déjà engagés. La mobilité géographique, fréquente lors de l’entrée en doctorat, semble également favoriser un recours accru aux psychotropes.
Cette étude fournit ainsi un éclairage essentiel pour tous les acteurs des filières doctorales. Les risques pour la santé mentale pourraient être atténués par un soutien institutionnel renforcé, davantage de rétroactions, plus d’étapes intermédiaires, un encadrement mieux doté, et une vigilance particulière dans les filières où les femmes sont sous-représentées.
En somme, que vous soyez collègue, encadrant, proche ou doctorant, ce travail invite à exercer une vigilance active, en demandant régulièrement au doctorant comment il se sent, en offrant un espace de soutien, en évaluant les conditions de travail, en sollicitant de l’aide si nécessaire, ou encore, en instaurant des dispositifs institutionnels dédiés. À l’échelle individuelle comme institutionnelle, cet article rappelle que chacun peut faire preuve de vigilance quant à la santé mentale et au bien-être des autres.
> PAUSE PÉDAGOGIQUE
L'article <
Enseigner l'esprit critique par le jeu de rôle sur table : quelques pistes tirées de la littérature scientifique
Publié en 2025 par Lefèvre et Hmadi
à l'occasion du 9e Colloque international Game Evolution
> Rendez-vous
2 décembre 2025 de 13 h à 14 h
Sur site Salle 301 du forum de la faculté de médecine de Strasbourg
Karine NARETTO (formatrice en IFSI - Forbach), Christel GILLE (cadre formatrice en IFSI - Rouen) et Stéphane TOURTELLIER (cadre formateur en IFSI - Cahors)
EC or not EC, that is the question ? Défiez les idées toutes faites?!
Pensez-vous que votre esprit critique est bien aiguisé ? Êtes-vous prêts à vous jouer de lui en le mettant à l’épreuve??
Face à l’abondance d’informations et des sources multiples, notre cognition n’a pas toujours le temps de s’adapter. Ainsi, nous avons tendance, par facilité ou par ignorance, à nous orienter rapidement vers des croyances irrationnelles.
Heureusement, l’esprit critique est là?! Il nous guide dans la prise de décision raisonnable et éclairée.
Venez en débattre avec nous lors de la prochaine pause pédagogique?!
> Archives et prochaines dates
Retrouvez ici les thèmes des précédentes pauses pédagogiques ainsi que les publications associées (vidéo, copie du diaporama, synthèse des points clés et article).
Voici les dates des prochaines pauses :
2 décembre
20 janvier 2026
10 février
10 mars
21 avril
23 avril
25 juin
> BABILLARD
Manifestations scientifiques
Une conférence ayant pour thème «?Susciter la réflexivité en formation en sciences de santé?» aura lieu le 2 décembre 2025, entre 12 h et 13 h, à l’Université de Montréal et en ligne. Plus d’informations ici
On en parle dans les médias
Étudiants : le blues des internes en médecine confrontés au manque de personnel et de moyen.L’article, publié sur le site de France Info,est accessible ici
«?Nous refusons des étudiants qui veulent faire pharmacie, c’est un comble ». L’article, publié dans Le Point,est accessible ici
Écoles d’ostéopathie : la réforme des agréments se fait attendre. L’article, publié sur le site de L’Étudiant,est accessible ici
Pourquoi nos étudiants en médecine partent étudier à l’étranger?? L’article, publié dans L’essentiel de l’Éco,est accessible ici
Je me suis dit : « Iris, tu ne t’attaches plus jamais autant à un patient » : les étudiants de médecine face à la mort.L’article, publié dans Le Parisien Étudiant,est accessible ici
En manque de médecins, les urgences du CHU de Caen n’accueilleront pas d’étudiants internes au prochain semestre. L’article, publié sur le site de France Bleu,est accessible ici