Je suis interne en médecine générale en dernière année de diplôme d’études spécialisées. En parallèle, j’ai suivi cette même année le cursus du master 1 de pédagogie des sciences de la santé, à Strasbourg. Au terme de dix ans d’études, mon cursus médical touche donc à sa fin. Ne comptant pas les jours avant de devoir rendre définitivement ma carte étudiante, et ayant des projets professionnels nécessitant de compléter ma formation en pédagogie médicale ainsi qu’un fort intérêt personnel pour cette discipline, il était logique que je postule en deuxième année de Master.
Toutefois, ayant conscience de l’investissement personnel que demande le Master 2, d’autant plus que je me suis lancée dans un projet de recherche en première année qui, tout en étant passionnant, constitue tout de même un véritable challenge, je me suis dit : « et pourquoi pas au cours d’une année de recherche ? ».
En effet, depuis 2016, les étudiants de troisième cycle des études de médecine, de troisième cycle long des études odontologiques et de troisième cycle spécialisé des études pharmaceutiques peuvent effectuer une année de recherche après le dernier semestre, puisque celle-ci doit s’achever « au plus tard un an après la validation du diplôme d’études spécialisées postulé » (1,2). L’intérêt principal est d’être financé pour la réalisation des travaux de recherche, ce qui permet donc de s’y consacrer à plein temps tout en ayant de quoi payer les factures, les courses (et accessoirement les déplacements à Strasbourg !) : un vrai luxe !
Si vous souhaitez tenter l’aventure, ne vous laissez pas décourager par d’éventuels oracles négatifs. En effet, il est fort possible que l’on vous recommande de ne pas perdre votre temps à constituer un dossier qui serait très probablement refusé, car ce type de sujet de recherche, à la fois en termes de thématique et de méthodologie, ne correspondrait pas au profil type qui intéresserait le jury qui attribue (ou pas) les années de recherche. J’y ai eu droit.
Mais comme le dit fort sagement le proverbe, "qui ne tente rien n’a rien" et je vous recommande donc d’être aussi entêté qu’une mule, et donc, de quand même tenter le coup si vous pensez que votre projet de recherche est suffisamment intéressant et solide. En plus, même s’il faut consacrer un peu de temps à la constitution du dossier, c’est quand même loin d’être insurmontable, même avec un emploi du temps digne d’un ministre !
De plus, la pédagogie des sciences de la santé intéresse ! Ainsi, l’obligation d’avoir suivi une formation agréée en pédagogie médicale pour les candidats souhaitant une titularisation à un poste de maitre de conférence des universités ou de professeur des universités en médecine générale le montre bien (3).
Je n’ai pas regretté mon obstination et le temps consacré : la réponse a été positive et je vais pouvoir effectuer mon Master 2 dans des conditions idéales !
Bon, si vous hésitiez encore et que j’ai fini de vous convaincre, vous devez vous demander comment faire exactement.
Réglementairement, le dossier doit comporter un document avec vos coordonnées, votre curriculum vitae et votre projet de recherche. Ce projet de recherche est primordial, puisque c’est à partir de cela que le jury basera sa décision : il précise, outre le sujet, son intérêt général ou scientifique (il est donc conseillé de bien mettre ce point en évidence), le(s) objectif(s), le contexte scientifique et médical dans lequel il s’intègre, la méthodologie, les retombées attendues et la bibliographie. Vous devez également joindre les coordonnées du laboratoire de recherche, qui doit être labellisé selon le plan quinquennal université, ainsi que les coordonnées et le curriculum vitae de votre directeur de recherche (4). Il s’agit là des éléments communs à tout dossier de demande d’année de recherche.
N’hésitez pas à consulter également la procédure sur le site de votre faculté de rattachement. Ainsi, pour mon dossier, je devais également fournir une lettre de motivation, une ou des recommandation(s) et une preuve que le master 1 recherche était en cours de validation.
Enfin, sur les conseils d’un enseignant, j’avais également contacté le doyen de mon université de rattachement pour connaître les éléments principalement pris en compte par le jury de l’année de recherche pour trancher entre les différents dossiers. Ils peuvent varier d’une université à l’autre, mais ils sont importants à connaître pour savoir quels éléments de son dossier mettre en valeur ! N’oubliez pas que comme pour tout dossier de candidature, il doit aussi plaire pour convaincre ! Donc, en plus des règles habituelles de mise en page agréable à lire et d’orthographe exemplaire, mettre en lumière les éléments importants aux yeux du jury tout en valorisant et montrant la qualité de votre travail de recherche ne peut qu’augmenter vos chances !
Enfin, last but not least, il faut anticiper un minimum : après avoir constitué un superbe dossier, il serait dommage de le rendre trop tard ! Comme toujours, il existe une date limite, qu’il s’agit donc de vérifier.
Une fois le dossier déposé, alea jacta est. Impossible d’être certain que son dossier sera accepté, car en général, il y a plus de candidats que de postes. Mais en tous cas, ce n’est pas parce que votre sujet porte sur les sciences de l’éducation et relève du qualitatif qu’il doit rougir face à un sujet de science dite fondamentale ou à une étude quantitative ! Donc ça vaut la peine de tenter le coup, si l’on vous recommande d’être réaliste, vous l’êtes déjà en postulant !
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Arrêté du 4 octobre 2006 définissant les modalités d’organisation de l’année de recherche durant le troisième cycle des études de médecine, d’odontologie et de pharmacie - Article 5.
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Arrêté du 4 octobre 2006 définissant les modalités d’organisation de l’année de recherche durant le troisième cycle des études de médecine, d’odontologie et de pharmacie - Article 1.
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CNU-SANTE [Internet]. [cité 7 août 2018]. Disponible sur: www.conseil-national-des-universites.fr/cnu/
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Arrêté du 4 octobre 2006 définissant les modalités d’organisation de l’année de recherche durant le troisième cycle des études de médecine, d’odontologie et de pharmacie - Article 2-2.