Juillet

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Editorial


Le patron des doyens des facultés de médecine françaises présente son projet

Elu président de la Conférence des doyens des facultés de médecine françaises le 30 janvier 2018, le professeur Jean SIBILIA, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg, présente dans cet éditorial le projet pédagogique de la Conférence

Notre engagement pédagogique… pour préparer nos jeunes médecins aux enjeux de la médecine de demain, pour la santé et le bien-être de tous.

Notre engagement pédagogique doit être affirmé et assumé. C’est l’objectif que s’est fixé la Conférence des doyens, avec concrètement plusieurs actions que nous allons mettre en place :
  • Nous souhaitons poursuivre l’effort de diversification du recrutement de nos étudiants en santé lors de leur entrée en PACES [première année des études communes de santé] en supprimant le numerus clausus sous sa forme actuelle. Nous souhaitons confier aux universités, selon leur capacité pédagogique et leurs besoins de formation régionaux, la mission de proposer une PACES modernisée.
  • Nous avons souhaité réformer le 2e cycle médical pour plus de compétences et plus d’investissement des étudiants dans leur projet professionnel, en sortant du « carcan » exclusif de l’ECN [épreuves classantes nationales] même si, dans sa forme, cet examen national numérique est un formidable succès collectif. Cette réforme est maintenant actée par les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur depuis le 5 juillet dernier. A nous, tous ensemble, de la mettre en œuvre.
  • Nous voulons accompagner la maturation de la réforme du 3e cycle qui a transformé la pédagogie de la formation professionnelle de nos internes. Cette réforme, qui s’installe, doit permettre de mieux former nos jeunes médecins en redonnant du sens à cette étape cruciale de leur formation.
  • Nous espérons « casser les codes », en rapprochant la Ville et l’Hôpital par une formation partagée au profit de nos étudiants, mais aussi en créant un continuum entre l’université et le monde professionnel par un « fil rouge » disciplinaire médical ou chirurgical. Ce continuum permettra d’améliorer la formation au cours de la vie et d’aboutir rapidement à une procédure de recertification des professionnels de santé, qui est indispensable.
  • Nous nous sommes engagés dans une réforme avec en « fer de lance » une pédagogie numérique performante (MOOC, plateformes, simulation), sans abandonner le principe fondamental du compagnonnage, qui permet la transmission du sens et des valeurs de notre métier de soignant.
  • Nous rêvons d’affirmer nos engagements sociétaux, qui sont au cœur de notre mission universitaire, en nous investissant dans de grands projets comme celui de la prévention par le service sanitaire et de grandes causes comme celle du handicap, de la précarité et de la préservation de la biodiversité ! Cet engagement est prioritaire, car il est le moteur et l’objet d’une pensée médicale qui doit être plus que jamais humaniste.
Nous comptons sur vous pour accompagner la Conférence des doyens sur ce chemin tortueux du changement et de l’anticipation, qui doit permettre de préparer nos étudiants en santé de demain. Dans notre action, nous gardons toujours en « point de mire » le sens de nos missions, pour la santé et le bien-être de nos patients et des citoyens du monde.
Jean SIBILIA
Doyen de la faculté de médecine de Strasbourg
Président de la Conférence des doyens des facultés de médecine

Perspective


Un pavé dans la mare de la pédagogie ? Pas si sûr...

En ces journées de grosses chaleurs, quoi de plus agréable que les éclaboussures fraîches provoquées par un énorme pavé jeté dans la mare de la pédagogie des sciences ? Le pavé, nous l'avons déniché dans un article publié en 2006 par Kirschner, Sweller et Clark, dans la revue Educational Psychologist. Mais en ces temps de post-coupe du monde de football, il est important de se méfier de l’éclat des grands joueurs et de regarder leurs statistiques de temps passé à caresser la pelouse avec leur dos plutôt qu’avec leurs pieds. Donc, avant de partir en vacances et pour garder le cerveau critique vis-à-vis des photos retouchées des magazines people, pourquoi ne pas suivre le débat créé depuis 2006 par l’article de Kirschner et al .?


Un débat à propos de l'article « Pourquoi le guidage minimal durant l’apprentissage ne fonctionne pas : une analyse de l’échec de l’enseignement constructiviste, par la découverte, par problèmes, expérientiel et du questionnement »

Dans leur article, Kirschner, Sweller et Clark argumentent qu’aucune étude n’a prouvé le bien-fondé de la pédagogie par la découverte et des méthodes qui en découlent, notamment l'apprentissage par problèmes (APP), développé en particulier en pédagogie médicale). Ils accusent ces méthodes constructivistes de ne fournir qu’un guidage minimal contre-productif, allant à l’encontre des théories de la charge cognitive. Pour eux, le fait de devoir se poser des questions sur des problèmes génère une charge mentale trop importante et en inadéquation avec un objectif d'apprentissage de connaissances nouvelles. Ils encouragent donc les formateurs à s'appuyer sur "l’effet de l’exemple résolu" pour fournir un guidage important et adapté, en particulier, aux novices. Pour cela, les auteurs recommandent de donner directement la solution ou la manière de trouver la solution aux apprenants, et non de les laisser trouver la solution par eux-mêmes.

Les réponses des défenseurs de l'APP et de l'apprentissage par le questionnement (en anglais "inquiry learning" ou "IL") nous invitent à prendre de la distance face à un article dont le contenu ferait se retourner plus d'un pédagogue dans sa tombe. Schmidt et al. et Hemlo et al., en décrivant précisément des expériences en APP, soulignent ainsi l'intérêt d’un guidage important, surtout chez les novices, et d'une structuration stricte de l’exercice, dans le but de développer des techniques de questionnement pouvant être exportées dans d’autres activités. Hemlo et al. rapportent également différentes études en faveur de l'APP et de l’IL, prouvant l’efficacité de ces méthodes. Les deux équipes de chercheurs reprochent à Kirschner et al. de regrouper dans le même panier des méthodes très différentes. Schmidt et al. opposent notamment aux auteurs les nombreuses études qui ont démontré l’efficacité de l'APP en médecine. Kuhn, de son côté, appelle à prendre de la distance quant au questionnement sur le "comment", pour se focaliser sur le "quoi".

Le 3e round du débat, qui est celui de la réponse des auteurs de l'article, est l’occasion de constater la grande complexité du domaine des sciences de l’éducation et, en particulier, de l’apprentissage des sciences. Reprenant les arguments de leurs détracteurs, Kirschner et al. mettent en avant l'existence, selon eux, d'un consensus quant au fait qu’un guidage adapté ("scaffolding") est indispensable. Ils défendent fermement leur point de vue concernant l'APP, en arguant qu'aucune étude méthodologiquement valide ne permettrait de prouver l’efficacité des méthodes d’apprentissage par la découverte. Ils demandent à leurs opposants de démontrer que les capacités non techniques (dénommées en anglais "soft skills"), dont les méthodes citées dans l'intitulé de l'article sont supposées permettre l'acquisition, ne pourraient pas être enseignées par un guidage direct. Pour conclure, ils invitent les chercheurs et enseignants à intégrer les dernières données de la science (en 2006, je vous rappelle) sur les théories de la charge cognitive et sur le développement humain. Selon eux, nous parvenons à apprendre facilement, par expérience, notre langue maternelle ou des raisonnements de base, mais l’évolution ne nous permet pas d’apprendre avec autant de facilité les éléments plus complexes, notamment dans le domaine des sciences. Il nous faut, selon les auteurs, un guidage important et direct pour y parvenir.

L'article de Kirschner et al. s'inscrit potentiellement dans une forme de retour de balancier visant à contrer la popularité et la place prise par certaines méthodes dans le paysage de la pédagogie, ce qui doit inviter le lecteur confronté à ce type d'article "révolutionnaire" à la plus grande prudence. Le très populaire et omniprésent test de concordance de scripts connaît d'ailleurs depuis plusieurs années le même mouvement d'opposition, essentiellement sur le plan des idées, avec des arguments parfois susceptibles de laisser dubitatifs les spécialistes des questions d'apprentissage.

Rendez-vous à la rentrée pour remettre le débat sur le tapis !

Chloé DELACOUR
Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé
Faculté de médecine de Strasbourg

Lu pour vous



Tous les mois, Chloé DELACOUR et Mathieu LORENZO, enseignants-chercheurs au CFRPS, sélectionnent un article récemment publié dans le domaine de l'éducation des sciences de la santé et vous en offrent un résumé.

Compétences en résolution de problèmes vs acquisition de connaissances : le conflit historique qui a divisé l'apprentissage par problèmes en deux camps

Problem solving skills versus knowledge acquisition: the historical dispute that split problem?based learning into two camps

Servant-Miklos (2018), Advances in Health Sciences Education
Article téléchargeable ici


par Mathieu LORENZO

Les universités de Maastricht (Pays-Bas) et de McMaster (Canada) sont considérées comme des pionnières dans la création des cursus de médecine basés sur l’apprentissage par problèmes. Pourtant, il existait d’importantes divergences dans les objectifs de ces programmes jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.

Pourquoi ces différences ? C’est l’histoire que nous raconte Virginie Servant-Miklos, de l’Université d’Aalborg (Danemark), dans un passionnant article historique sur le sujet. L’auteure nous expose, à partir d’une riche recherche documentaire et au travers d’interviews des protagonistes, comment deux grandes figures de l’éducation médicale (Howard Barrows et Henk Schmidt) ont été au cœur d’une démarche d'argumentation scientifique à partir des années soixante-dix, qui a massivement influencé les cursus actuels de formation des professionnels de santé.

Un article différent des publications habituelles des revues d’éducation médicale, qui invite à une réflexion sur les fondements de nos formations.

Recherche


Un outil pour déterminer les démarches légales et éthiques à accomplir lorsque vous menez ou supervisez une recherche

Il est parfois difficile de savoir quelles sont les démarches légales et éthiques à accomplir lorsqu’on monte ou dirige un projet de recherche. À l’aide du responsable du comité de protection des personnes (CPP) Grand Est IV et de la correspondante informatique et libertés de l’Université de Strasbourg, nous avons élaboré un algorithme en ligne pour vous éclairer sur ce point. 

En répondant à quelques questions simples, vous saurez si vous devez effectuer pour votre projet une déclaration à la CNIL, obtenir l’autorisation d’un CPP et/ou demander l’avis d’un comité d’éthique. 

L'outil est accessible ici

Mathieu LORENZO
Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé
Faculté de médecine de Strasbourg

Formation


Journée pédagogique sur la professionnalisation des étudiants en sciences de la santé

15 novembre 2018, faculté de médecine de Strasbourg

La prochaine journée pédagogique organisée par le Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé sera consacrée à la professionnalisation des étudiants en sciences de la santé. Elle consistera en un atelier unique, qui s'échelonnera sur toute la journée, ainsi qu'une conférence. Ces activités seront animées par Marilou BELISLE, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke (Canada).

La description de la journée et la présentation de la professeure BELISLE sont disponibles ici
Le bulletin d'inscription peut être téléchargé ici 

Babillard



Congrès


L'Association bourguignonne des acteurs de la simulation en santé organise à Beaune ses 11e journées consacrées à la simulation, sur le thème de l'évaluation, le 3 décembre 2018. Le CFRPS y animera une conférence sur le thème de la certification en simulation. Plus d'informations ici

La 5e Journée des enseignants des centres d'enseignement des soins d'urgence au
ra lieu à Chalon-sur-Saône, le 6 décembre 2018, sur le thème "Enseigner la pédiatrie en situation quotidienne et exceptionnelle". Plus d'informations ici

Le 1er Colloque interuniversitaire "Patients Enseignants" aura lieu à Bobigny le 9 octobre 2018. Plus d'informations ici

Les 10e Rencontres des métiers de la santé, consacrées au management de la qualité et à la gestion des risques, auront lieu à Strasbourg, les 13 et 14 septembre 2018. Plus d'informations ici


Appel à communications


L'appel à résumés (ateliers et communications libres) est ouvert pour le 8e Forum international de pédagogie en sciences de la santé. Le congrès se tiendra du 29 au 31 mai 2019, à Montréal (Canada). Le CFRPS fera partie du comité scientifique de la manifestation. Plus d'informations ici

L'appel à communications est ouvert pour le Colloque d'automne de l'Association pour la recherche qualitative. Le congrès se tiendra le 25 octobre 2018 à Montréal. Plus d'informations ici


On en parle
  • "Fin du concours infirmier et réforme des épreuves pour les internes en médecine". L'article, publié dans Le Parisien, est accessible ici
  • "Un regard sur la qualité de la formation en sciences infirmières depuis 75 ans". L'article, publié dans la revue Avancées en formation infirmière, est accessible ici
  • "Réussite en licence : le passé scolaire joue plus que l’origine sociale". L'article, publié dans Le Monde, est accessible ici
  • "La plupart des recherches dans le domaine de la nutrition sont biaisées... voire fausses...". L'article, publié sur le blog d'Hervé Maisonneuve, est accessible ici
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