L'IA pour évaluer les étudiants | Expérience des patients et des soignants | On a retrouvé T. Filcan | Créativité artistique et apprentissageLettre mensuelle d'information du Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé
PUBLICATION DU CFRPS Louis-Baptiste JAUNAY, doctorant, publie un article sur l’expérience des patients et des soignants
ON A RETROUVÉ... Turkan FILCAN, étudiante de la promotion 2022/2023 du master PSS
LU POUR VOUS L’intelligence artificielle dans les formations en santé
PAUSE PÉDAGOGIQUE La créativité artistique comme lever d’apprentissage privilégié
BABILLARD
> PUBLICATION DU CFRPS
Louis-Baptiste JAUNAY, doctorant, publie un article sur l'expérience des patients et des soignants
Louis-Baptiste JAUNAY, médecin généraliste et doctorant en sciences de l'éducation au Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication (LISEC), publie dans la revue Éducation Permanente un article qui répond à la question suivante : qu'est-ce que faire l'expérience d'un problème de santé en tant que patient et dans le rôle du soignant ?
Extrait
Comme c’est le cas dans bien d’autres secteurs, les dispositifs de formation des professionnels de santé sont aujourd’hui majoritairement organisés selon une approche « par compétences » (Pelaccia, 2023) qui repose sur l’élaboration de référentiels dont le contenu est déterminé à partir d’une analyse méthodique de l’activité professionnelle. L’activité singulière et située des professionnels est traduite en un ensemble de capacités, de compétences et de famille de situations cartographiant une pratique. Mais cette organisation de la formation entretient un rapport problématique avec l’expérience que soignants et soignés ont et font des problèmes de santé.
La lecture des programmes actuels de formation en santé se revendiquant de l’approche par compétences laisse supposer qu’aucun n’a démarré par une analyse de l’activité professionnelle in situ. Au lieu de cela, un collectif d’experts a directement établi un référentiel de compétences, qui prend la forme d’un ensemble de prescriptions en lien avec des savoirs génériques. La démarche de problématisation singulière du professionnel, qu’il débute en identifiant et en posant les problèmes rencontrés dans son activité (Fabre, 2017), se trouve ainsi devancée par les prescriptions de l’autorité savante. De surcroît, la logique de compétence, dans laquelle le professionnel de santé joue un rôle d’analysé plutôt que d’analysant, segmente et rationalise son métier à défaut d’en révéler le cœur : la construction de relations et de sens (Paul, 2022).
> L’article peut être obtenu par mail auprès dupremier auteur
> ON A RETROUVÉ...
Turkan FILCAN, étudiante de la promotion 2022/2023 du master PSS
Turkan FILCAN nous livre son parcours depuis l’obtention de son diplôme. Elle nous explique comment celui-ci a modifié sa trajectoire professionnelle et fait évoluer sa conception de la formation.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours depuis le master??
Après avoir obtenu mon master en pédagogie des sciences de la santé, j’ai décidé de réorganiser mon activité professionnelle pour me consacrer pleinement à mes ambitions. J’ai réduit mon temps d’activité à 50 % aux urgences, où je continue à exercer de nuit, tout en me concentrant sur la création et le développement de mon organisme de formation spécialisé dans les gestes et soins d’urgence, Urgences Life Formation.
Les deux années de master m’ont permis d’acquérir les connaissances et les outils nécessaires pour structurer des programmes pédagogiques adaptés et efficaces. Grâce à cette formation, j’ai pu allier ma passion pour les soins d’urgence et mon intérêt pour la pédagogie, en proposant des formations qui répondent aux besoins du terrain tout en respectant les obligations réglementaires.
Aujourd’hui, je suis fière d’agir non seulement en tant que soignante, mais aussi comme formatrice, en partageant mon savoir et en formant des professionnels à intervenir rapidement et efficacement dans des situations d’urgence.
Quelles compétences et quels outils avez-vous développés en master, et qu’en avez-vous fait??
Au cours de mon master, j’ai développé plusieurs compétences clés qui m’ont permis d’évoluer dans ma pratique professionnelle et de concrétiser mes projets.
Des compétences pédagogiques solides
J’ai appris à concevoir, organiser et évaluer des programmes de formation. Cela inclut l’utilisation de méthodes d’apprentissage actives et adaptées aux besoins des apprenants, notamment dans le cadre des gestes et soins d’urgence.
Des compétences en communication
Le master m’a appris à structurer et partager efficacement des connaissances complexes, en m’assurant qu’elles soient accessibles et applicables pour mes apprenants. J’ai mis ces compétences en pratique au sein de mon organisme de formation pour rendre chaque session interactive et impactante.
Des outils d’évaluation et de qualité
J’ai appris à évaluer les besoins des apprenants, évaluer l’impact des formations et ajuster mes méthodes en fonction du public.
Des outils et des compétences dans la gestion de projet
Le master m’a également formée à planifier et gérer des projets pédagogiques, ce qui a été essentiel pour le lancement et le développement de mon organisme de formation.
En résumé, ce master a été un véritable levier dans mon parcours. Il m’a permis d’allier ma pratique clinique en soins d’urgence à une activité pédagogique structurée, et de partager avec d’autres professionnels les outils adaptés pour agir en situation d’urgence.
Où vous voyez-vous dans 10 ans??
Dans 10 ans, je me vois à la tête d’un organisme de formation reconnu comme une référence nationale dans le domaine des gestes et soins d’urgence. Je propose de former les professionnels de santé directement dans leur établissement pour être au plus proche de leur cadre de travail. Je me déplace pour l’instant dans tout le Grand Est. J’aimerais que mon travail contribue significativement à améliorer la qualité des soins prodigués dans des situations critiques, en formant des professionnels mieux préparés et confiants dans leurs actions. Je souhaite également continuer à exercer aux urgences et au SAMU, pour rester connectée à la réalité du terrain. Cette double casquette — praticien et formateur — est essentielle pour garder mes formations pertinentes et alignées avec les évolutions des pratiques médicales.
Quelle est votre fiche recette pour développer des compétences en pédagogie??
Développer des compétences en pédagogie est un processus qui demande autant de réflexion que de pratique. Voici ma «?fiche recette?» personnelle pour y parvenir :
1. Une base solide de connaissances théoriques
Commencez par acquérir une compréhension approfondie des principes de la pédagogie, des méthodes d’apprentissage et des sciences cognitives. Pour moi, le master a été essentiel pour poser ces bases.
2. Ajoutez une dose généreuse de pratique
Rien ne remplace l’expérience sur le terrain. Concevoir et animer des formations permet de mettre en application la théorie et de découvrir ce qui fonctionne réellement avec les apprenants.
3. Incorporez des outils variés
Utilisez des techniques pédagogiques diversifiées, comme les simulations, les études de cas ou les jeux de rôle, qui sont particulièrement efficaces dans les formations aux gestes d’urgence. Ces outils aident à maintenir l’engagement et à maximiser l’apprentissage.
4. Assaisonnez avec de la communication
Une bonne pédagogie repose sur l’écoute et l’adaptation aux besoins des apprenants. Être capable de simplifier des concepts complexes tout en restant interactif est pour moi une compétence clé.
5. Ajoutez une pincée de créativité et d’innovation
Oser expérimenter de nouvelles approches, comme l’apprentissage en ligne ou les technologies immersives, peut rendre les formations plus attractives et mémorables.
6. Ne jamais oublier l’évaluation
Prendre le temps d’évaluer l’impact de ses formations et de recueillir les retours des participants permet de constamment affiner sa pratique et d’assurer une progression continue.
Enfin, le secret de la recette : la passion.
Être passionnée par le partage et l’accompagnement des autres, mais aussi par ce que l’on enseigne.
Quelle est votre devise depuis le master?? «?Le formateur ne détient pas seul le savoir?! Partir des connaissances antérieures des apprenants réserve de grosses surprises?».
> LU POUR VOUS
Tous les mois, les enseignants du CFRPS sélectionnent un article ou un ouvrage récemment publié dans le domaine de l'éducation des sciences de la santé, et vous en offrent une analyse
L’intelligence artificielle dans les formations en santé : guide AMEE n° 178
Artificial intelligence in health professions education assessment: AMEE Guide No 178
Masters et al. (2025), Medical Teacher
par Racha ONAISI
Nous ne présentons plus les guides AMEE, outils précieux à destination des formateurs par les synthèses qu’ils proposent sur des thématiques phares en éducation médicale. Si vous ne les connaissez pas encore, je ne peux que vous encourager à parcourir la liste des 178 guides publiés à ce jour dans la revue Medical Teacher.
Pour ce guide, la promesse n’est rien de moins qu’alléger les peurs face au changement et révéler toutes les possibilités pour que formateurs et apprenants domptent pleinement l’IA en évaluation.
Dans le champ constamment évolutif de l’IA, le constat principal est donc la nécessité d’une adaptation et de réévaluations, elles aussi permanentes. Le fil conducteur de la démarche reste la validité de l’interprétation des données d’évaluation : dans un monde idéal, les résultats de l’évaluation devraient refléter avec exactitude les apprentissages réalisés et les compétences développées.
Plusieurs thématiques sont abordées dans le guide. À une période où nous nous interrogeons beaucoup sur le tutorat et ses modalités au sein de mon équipe, je vous propose de concentrer cette analyse sur la partie dédiée du guide. Ce dernier aborde toutefois également les théories de l’apprentissage en rapport avec l’IA, les questions de standardisation, de modalité d’évaluation, mais aussi les enjeux éthiques en lien avec l’utilisation de l’IA. En résumé, les auteurs nous rappellent que des cadres et modèles pédagogiques permettant d’intégrer l’IA de façon réfléchie dans les curricula existent. Ils insistent en outre sur le risque d’anthropomorphisme dans le rapport aux nouveaux outils d’IA, et sur la nécessité de naviguer avec réflexivité dans le continuum, allant de la peur panique envers l’IA à un enthousiasme débordant qui n’est pas forcément plus approprié.
Les auteurs soulignent les apports des outils d’IA pour fournir des feedbacks adaptés aux besoins spécifiques de chaque apprenant, et ce, de manière réactive, en temps réel… jusqu’à la possibilité de «?compagnons virtuels personnalisés d’apprentissage?». Il semble toutefois que ce tuteur du futur n’existe pas encore tout à fait. Ses caractéristiques?? Participer à un dispositif d’évaluation programmatique avec de nombreuses évaluations à faibles enjeux, dites formatives, dont l’intérêt majeur réside dans la rétroaction pour appuyer les apprentissages de façon individualisée à chaque étudiant. Comme souvent, dans ce domaine, il s’agit surtout de mobiliser des outils, de manière réfléchie, pour un usage pertinent et adapté, afin d’améliorer l’efficience pédagogique pour les formateurs et les apprenants. Les auteurs proposent notamment de s’appuyer sur des patients simulés par l’IA, fournissant une rétroaction sur la communication, le raisonnement clinique, ou encore la prise de décisions.Toutefois, les auteurs soulignent que l’IA ne maîtrise pas (encore) toute la richesse des nuances émotionnelles et des subtilités qui façonnent la complexité des relations humaines. Elle peut de ce fait constituer un outil d’accompagnement utile pour certaines phases d’apprentissage nécessitant un scaffolding important, mais ne saurait remplacer les interactions authentiques.
Finalement, la proposition nuancée serait celle de tuteurs augmentés par l’IA, ayant à disposition des outils permettant d’accroître les mises en situation d’évaluation formative, et donc, les feedbacks associés de façon personnalisée, tout en consacrant grâce à cela plus de temps aux activités pour lesquelles leur valeur ajoutée est plus importante : la prise en compte des facteurs de complexité et des nuances dans l’évaluation. Par ailleurs, il demeure essentiel de confirmer par un regard humain que les conclusions d’une IA en termes d’évaluation, notamment si celle-ci est associée des enjeux élevés, sont correctes et appropriées.
Ces évolutions ouvrent un espace de possibilités. Elles nécessitent impérativement d’être intégrées dans les programmes de formation de formateurs, mais aussi de développement professoral, pour permettre de réaliser des choix réfléchis et pertinents dans l’usage (ou non-usage) de ces outils. Il reste en outre indispensable de rappeler — et les auteurs de ce guide le distillent au fur et à mesure des paragraphes — les limites et précautions en lien avec l’usage de l’IA : risque d’hallucinations, enjeux de propriété et de confidentialité de données, et risque de creuser des inégalités entre étudiants et universités. N’oublions pas non plus l’empreinte écologique majeure de ces outils, à une époque où le changement climatique et la santé planétaire sont l’un des principaux défis, si ce n’est LE défi du monde actuel et de demain. Cela doit être pris en compte dans l’usage, afin de réserver ce dernier aux situations où une réelle plus-value peut être argumentée, au-delà de l’enthousiasme pour la nouveauté.
> PAUSE PÉDAGOGIQUE
L'article <
La créactivité artistique comme levier d'apprentissage privilégié
Publié en 2023 par Laforge et Jaussi Spina
dans la revue Soins infirmiers
> Rendez-vous
4 février 2025 de 13 h à 14 h
en salle 114 du forum de la faculté de médecine de Strasbourg
> Les animateurs
Aurélie BRUNN ALBERTUS, (cadre de santé formatrice - Strasbourg), Marie HERTER (formatrice en IFSI/CESU - Mulhouse) et Estelle FOUGERAT (infirmière - Strasbourg)
Une approche pédagogique innovante : la créativité au service de la construction de l’identité professionnelle des futurs infirmiers
Devenir soignant est bien plus qu’un métier : c’est une vocation, un chemin de vie qui vous a mené jusqu’ici. Soigner, c’est aussi se découvrir soi-même, une dimension essentielle encore trop peu abordée dans nos formations.
Dans un système éducatif largement centré sur les savoirs académiques, cette approche innovante offre aux futurs soignants l’opportunité d’explorer leur motivation, leurs émotions et leur posture à travers des activités artistiques, créatives et sportives. Elle vise à mieux comprendre le monde du soin et à enrichir la relation à l’autre.
Aurélie, Estelle et Marie vous invitent, à travers différents ateliers, à une véritable échappée belle, pour mobiliser vos ressources personnelles et avancer sereinement vers une vie professionnelle épanouissante?!
> Archives et prochaines dates
Retrouvez ici les thèmes des précédentes pauses pédagogiques ainsi que les publications associées (vidéo, copie du diaporama, synthèse des points clés et articles).
Voici les dates des prochaines pauses :
11 mars
4 avril
17 avril
19 juin
> BABILLARD
Manifestations scientifiques
Le 5e Colloque pour l'engagement des patients dans les formations en santé aura lieu à Rennes, les 12 et 13 juin 2025. Plus d’informations ici
On en parle dans les médias
Dans l’enseignement supérieur, le cours magistral fait de la résistance.L’article, publié dans Le Monde,est accessible ici
Fin du concours de première année, des études plus courtes de deux ans, les propositions chocs de l'académie de Chirurgie pour pallier la pénurie de médecins. L’article, publié dans Whats'up Doc,est accessible ici
[Rencontre] avec Stéphane Zuily, nouveau doyen de la Faculté de Médecine.L’article, publié sur le site de Factuel - Université de Lorraine,est accessible ici
Parcoursup : soins infirmiers, médecine, droit… comment décrocher une place dans les formations les plus recherchées.L’article, publié dans Le Parisien, est accessible ici
Études de santé : pourquoi pharmacie et sage-femme attirent moins, malgré les débouchés. L’article, publié dans Sud Ouest,est accessible ici